vendredi 5 novembre 2010

Des individus et de leur utilité

J’arrive maintenant au deuxième versant de la question « pourquoi des individus ? ». J’espère avoir, dans un premier temps, réussi à décoller la notion d’individu de la réalité physique de l’organisme vivant par l’observation des insectes et avec quelques considérations tératologiques.

Pour aller dans ce sens, il faut affirmer par exemple que deux personnes peuvent former un individu : ne dit-on pas de ceux qui s’aiment qu’ils ne font plus qu’un ? Ce n’est pas à mon sens une image poétique, une métaphore : c’est bien une réalité, le couple est un individu composé de deux personnes.

Je veux donc repartir de l’idée reçue « individu = atome social », c’est-à-dire, l’élément réel le plus petit et indivisible qui correspond à un être humain singulier. Evidemment, je remets en cause cette idée, car il se pourrait bien que cette idée – avec ce que nous avons déjà vu – ne corresponde à rien dans la réalité.

En revanche, l’idée d’individu peut servir à quelque chose, elle a son utilité. Et c’est ainsi que la question « pourquoi des individus ? » peut se formuler aussi sous la forme « des individus, pour quoi faire ? », la réponse s’orientant alors vers l’usage politique de cette notion d’individu.

L’idée d’individu engendre une idéologie qui est l’individualisme. Cette idéologie pourra avoir des vertus mais en ce qui nous concerne elle constitue un puissant outil de domination. Faire croire aux gens qu’ils sont des individus permet de les contraindre à certaines façons de penser et à certaines façons d’agir et surtout cela permet de les empêcher de penser et d’agir différemment ou dans une direction contraire à l’idéologie individualiste.

En somme, la notion d’individu est une fiction qui a une fonction bien déterminée. Cette fonction consiste à faire croire aux gens qu’ils sont des entités indépendantes et autonomes, mais isolées et impuissantes (car que peut un individu contre la complexité du monde et la puissances des multinationales ?).

Par conséquent, les gens qui se prennent pour des individus sont forcément la proie de passions tristes (engendrées par la pensée que l’individu ne peut pas faire grand-chose tout seul) et donc facilement dominables par ceux qui ont le pouvoir. Cette pensée nuit gravement aux effets bénéfiques de la solidarité, de l’échange gratuit, et de toutes les relations que nous pouvons nouer avec nos semblables autres que les relations marchandes et de compétitivité interindividuelle.

C’est pourquoi je vous invite à rejeter l’idée que nous sommes des individus. Non, nous ne sommes pas des individus ! En tout cas, nous ne sommes pas cet individu qu’on voudrait nous faire croire que nous sommes. Nous sommes beaucoup mieux et beaucoup plus que cela. Parler de ce que nous sommes vraiment pourra faire l’objet d’autres articles, si cela vous intéresse…

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