jeudi 20 mai 2010

L’individu, aboutissement ou étape ?


Quand je me demande : « pourquoi des individus ? », c’est d’abord à cause d’un étonnement sur leur existence biologique dans la fameuse hiérarchie « genre – espèce – individu ». Pourquoi une espèce se compose-t-elle d’individus ou pourquoi n’y a-t-il pas, comme dirait Bergson, des espèces composées d’un seul individu ?

Façon de parler ou non, les colonies de fourmis et les essaims d’abeilles, bien que composés de centaines d’individus, ne forment eux-mêmes, en fait, qu’un seul individu. L’être vivant est la colonie ou l’essaim, la fourmi ou l’abeille seule n’est absolument rien en dehors de son groupe.

Pourquoi la vie se manifeste donc sous la forme d’individus, qui non seulement sont séparés les uns des autres, mais sont également périssables. Pourquoi n’y a-t-il pas un seul individu par espèce, unique, autosuffisant et immortel ? Des dieux, en quelque sorte, dont l’individualité ne souffre pas des défauts d’être un individu dans une espèce ?

La réponse à ce versant de la question tient dans la nécessaire matérialité de la vie, dans son incarnation de fait. La matière est réfractaire, la vie compose avec elle et le résultat est la formation d’individus mortels, parce que c’est le mieux que l’on puisse faire dans ces conditions.

La vie aurait bien aimé créer des dieux, mais elle n’a pu faire que des hommes et autres êtres vivants car la matière ne l’a pas permis. De même les sociétés d’individus fonctionnent aussi sur le même principe : la vie n’a pas pu aller plus loin ; elle est allé jusqu’où elle a pu, mais est-ce un aboutissement ou une étape ? En effet, parfois, la vie perce sous la matière ; c’est ce que dit Bergson :

« [Un élan vital] avait donné des sociétés closes parce qu'il ne pouvait plus entraîner la matière, mais [il] va ensuite chercher et reprendre, à défaut de l'espèce, telle ou telle individualité privilégiée. Cet élan se continue ainsi par l'intermédiaire de certains hommes, dont chacun se trouve constituer une espèce composée d'un seul individu. » Les deux sources de la morale et de la religion, début du Chapitre IV.

Ces hommes particuliers sont ce que Bergson appelle les « mystiques » ; des individus qui sortent de toutes limites.

1 commentaire:

  1. Ben c'est à dire que l'avantage de la mort, c'est que ça permet de faire évoluer les espèces, et donc de faire des espèces "plus mieux" qu'avant, en principe. Donc accoucher comme ça d'un dieu, ça n'est pas possible. Faut que ça ait évolué avant.

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