vendredi 8 juillet 2011

Post-scriptum à l’article précédent

Avant d’aller plus loin dans la pensée de Clément Rosset, j’estime nécessaire de revenir sur une de ses idées citées dans l’article précédent. Le seul discours philosophique qui vaille est, pour notre penseur, celui de la tautologie. J’avoue que cela est à la fois un peu facile et trop réducteur.

Dans un sens, dire que la tautologie est le summum de la philosophie, c’est comme dire que le summum de la peinture est un carré blanc sur un fond blanc, ou que le summum de la musique c’est le silence absolu, ou encore que le summum de la sculpture est le bloc de marbre brut.

Ce qui est vrai. Peut-on s’extasier devant un carré blanc ? En écoutant le silence ? Ou bien en contemplant un bloc de marbre ? De même, il n’y a pas de quoi se pâmer intellectuellement devant une tautologie.

Je ne pense pas non plus que ce soit l’interprétation correcte de la citation de Clément Rosset. Ce dernier ne prône pas tant la tautologie comme discours philosophique ultime mais vante plutôt sa fonction « critique ».

La tautologie sera un critère : une toise, un rasoir d’Ockham qui permet de discerner, parmi tous les discours qui prétendent à la valeur philosophique, ceux qui peuvent vraiment nous libérer l’esprit de ceux qui ne font que nous garder dans une certaine servitude mentale.

Clément Rosset n’est pas un annihilateur de la philosophie, un réducteur à zéro (pour peu qu’on pense que la tautologie revienne à dire 0 = 0). Au contraire, il apprécie grandement des philosophes comme Parménide, Epicure, Lucrèce, Spinoza, Nietzsche car leur parole vise réellement à la libération de l’homme.

De même, les philosophes dualistes ou transcendantaux trouvent grâce aux yeux de Clément Rosset dans une certaine mesure. En effet, la philosophie sera toujours utile, quelle que soit sa méthode, à chaque fois qu’elle nous rend plus lucide.

Nous verrons tout cela dans les prochains articles sur Clément Rosset.